Alors que l'Association des professionnels de l'industrie de l'humour amorcera la révision, dès le mois prochain, de son mode de scrutin, selon ce qu'a appris La Presse, les statistiques montrent que c'est sur le web que la compétition pour remporter l'Olivier de l'année se déroule majoritairement: 81% des votes du public ont en effet ont été faits sur l'internet, contre seulement 19% par téléphone.

Une observation dont Sugar Sammy, sacré humoriste chouchou des Québécois devant neuf de ses collègues, a su tirer avantage en menant une campagne sur les réseaux sociaux auprès de ses fans sept jours avant le scrutin, afin qu'ils votent pour lui le soir du gala. Il a rejoint autant ses abonnés francophones qu'anglophones avec des slogans comme: «Je veux évidemment aller chercher le vote anglo. So guys, vote for me, or a no name like Louis-José Houde might win».

«Je suis parti en campagne! Je pense toujours à trouver la meilleure opportunité pour trouver des jokes. Comme on venait de sortir d'élections, je me suis dit qu'il serait intéressant de faire des gags à la fois en lien avec ça et Les Olivier, que je publierais tous les jours sur les réseaux sociaux», explique l'humoriste aux 101 000 abonnés Twitter.

«Il y a aussi les 235 000 billets vendus au cours des deux dernières années et Ces gars-là. Je suis dans le salon des gens tous les lundis. Je suis très proche de mon public, je le rencontre chaque soir pendant deux heures après le spectacle. Je ne sais pas ce qui a fait que j'ai gagné, mais ç'a dû beaucoup compter», précise Sugar Sammy.

Pour Louis-José Houde, qui a remporté l'Olivier de l'année trois fois de suite, de 2008 à 2010, l'appel au vote sur l'internet a souvent fait toute une différence dans l'issue du scrutin.

«La présence sur le web a un impact direct. Le fait que je ne sois pas actif sur les réseaux sociaux est une des nombreuses raisons qui a fait que je n'ai pas remporté le trophée. Mais ce n'est pas comme si Pète et Répète avaient gagné dimanche soir. Sugar a eu une belle année, avec une bonne série télé et une belle visibilité. J'ai gagné trois années de suite à l'époque où les réseaux sociaux n'étaient pas encore aussi importants dans notre petit monde. On avait investi beaucoup dans un site web assez à l'avant-garde. J'ai toujours gagné ça en sachant que le travail de l'équipe web méritait aussi ce trophée. Si on veut vraiment, on peut mettre sur pied toute une stratégie. Mais faire une campagne électorale pour un trophée, c'est moins mon genre», lance Louis-José Houde, dont le dernier tweet remonte au Gala de l'ADISQ, en octobre dernier.

Pour Francine Dubois, directrice générale de l'Association des professionnels de l'industrie de l'humour (APIH) et productrice exécutive du gala Les Olivier, il est tout à fait légitime d'aller chercher des votes dans les réseaux sociaux, mais peu d'humoristes ont encore recours à cette méthode.

Réforme aux Olivier

L'an prochain, la catégorie du meilleur DVD humoristique devrait être abolie. «On est constamment à l'affût de ce qui se passe dans l'industrie, et je pense que cette année, on arrive à un point où on va faire une révision en profondeur, en juin, du mode de scrutin pour des changements importants en janvier 2015. La catégorie DVD pourrait céder sa place à une nouvelle catégorie sur le web», précise Francine Dubois.

Les critères d'évaluation pourraient eux aussi être revus au cours de ce processus.

En chiffres sur les réseaux sociaux

Sugar Sammy: 101 000 abonnés Twitter, 138 637 «j'aime» sur sa page Facebook.

Louis-José Houde: 126 000 abonnés Twitter, 205 274 «j'aime» sur sa page Facebook.

André Sauvé: n'est pas sur Twitter; 40 595 «j'aime» sur sa page Facebook.

François Bellefeuille: 19 800 abonnés Twitter; 104 705 «j'aime» sur sa page Facebook.

Peter McLeod: ni sur Twitter ni sur Facebook.

Adib Alkhalidey: 11 000 abonnés Twitter, 27 341 «j'aime» sur sa page Facebook

Mike Ward: 113 000 abonnés Twitter, 218 975 «j'aime» sur sa page Facebook