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Sugar Sammy, le baveux assumé
Sugar Sammy se décrit comme un «shit disturber», qu'il traduit par «taquineur». Notre traduction? Il aime brasser de la m...! Et pour brasser, il a brassé, mardi, à la salle Albert-Rousseau. Les Latinos, les Indiens, les Italiens, les régions, les Français, les femmes, les carrés rouges, Ricardo, les séparatistes: le Montréalais tire dans toutes les directions. Pour le meilleur et pour le pire.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Sugar Sammy est probablement l'humoriste québécois au passeport le mieux garni. Ses blagues l'ont amené un peu partout dans le monde, des états-Unis à l'Australie, de l'Afrique du Sud à l'Arabie Saoudite. L'hiver dernier, il a fait des vagues sur la scène Montréalaise avec un spectacle bilingue. En bon enfant de la loi 101, il part maintenant à la conquête du Québec avec son spectacle En français svp. Il l'admet sans gêne, il découvre la province en même temps que la province le découvre. C'est un peu sa carte de visite qu'il laisse avec cette tournée.
On apprend donc à connaître ce comique au charisme certain et au redoutable sens de la répartie: son enfance à Montréal, ses origines indiennes, sa famille aux recettes odorantes, ses copains, des «ethnies» comme lui, son expérience du référendum de 1995, dont il sert un récit savoureux. Grand voyageur et as des accents, il se permet plusieurs comparaisons et ne manque pas d'écorcher les «séparatissss», sa cible de prédilection. Aux souverainistes dans la salle, il promet d'ailleurs de se montrer accueillant: «On va vous accommoder... raisonnablement!» lance-t-il.
Stand-up à l'américaine
Plutôt unique en son genre dans le paysage humoristique d'ici, Sugar Sammy joue la carte pure et dure du stand-up à l'américaine sans structure rigide, qui laisse une place à l'improvisation. à ce chapitre, on doit admettre qu'il excelle. Ses blagues faites sur mesure pour Québec sont vraiment réussies. Et il n'a pas choisi les références les plus évidentes. Chapeau pour la recherche!
L'humoriste prend un plaisir évident à rencontrer son public, à interroger, à draguer, à se moquer des spectateurs. Il a un charme fou et il le sait, il en mène large et il va loin dans ses gags. Si la salle se régale de ces interactions, on suggère aux gens un peu susceptibles d'éviter les premières rangées!
Sauf qu'à trop vouloir jouer les irrévérencieux, Sugar Sammy dépasse parfois les bornes. On peut vivre avec les écarts de langage (quoique pour un spectacle qui se veut «100 % francophone», on entend beaucoup, beaucoup le mot fuck). Toutefois, certains segments sont franchement sexistes, vulgaires... et incroyablement clichés, voire dépassés. On vous épargne l'énoncé d'une vision du couple qui nous ramène pas trop loin de l'âge de pierre. Les blagues de filles menstruées, c'est encore drôle en 2012? Vraiment?
Sugar Sammy présentera de nouveau son spectacle En français svp à la salle Albert-Rousseau les 11 et 12 janvier prochain.
PHOTO LE SOLEIL, ERICK LABBé