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Sugar Sammy : un humoriste baveux et charmant

2012-11-11

« Il y a deux sortes de Québécois : les éduqués, les cultivés, les bien élevés et ceux qui ont voté OUI.» Voilà comment notre humoriste Sugar Sammy déstabilise un auditoire, engendrant des «hou hou». Les séparatisses constituent ses Têtes de turcs préférées. Il fera de même avec les femmes. En ce sens, il me rappelait les provocations d'Yvon Deschamps.

Cet anglo-Montréalais d'origine indienne de 33 ans parle quatre langues dont un excellent français par ses études, un anglais courant, l'hindi et le punjabi, ses langues d'origines indiennes personnelles dans lesquelles il donne aussi des spectacles d'humour. Il dit : «Si j'étais né aux états-Unis, je ne parlerais pas français. Je suis né au bon endroit». Son passeport doit être le plus garni d'estampes puisqu'il a donné son spectacle dans les endroits les plus éloignés de la planète. Après une série de spectacles bilingues à Montréal, il vient d'aborder une tournée des villes du Québec avec son premier spectacle entièrement en français.

Racisme, appartenance ethnique, chicanes linguistiques et multiculturalisme ainsi qu'intégration des nouveaux arrivants font partie de son répertoire. Il cherchera dans l'auditoire les représentants de toutes les nationalités comme les latinos, les Italiens, les Arabes, les Indiens (il ne s'oublie pas), les noirs africains et haîtiens pour les railler et se moquer de leurs travers culturels. Sans en oublier une seule pour les Québécois. On lui pardonne aisément ses écarts de propos à cause de son bagout et de son charme. Les sensibles ne devraient jamais s'asseoir dans les premières rangées, car il est en perpétuelle relation avec ses spectateurs, avec une cascade de réparties vives et originales. Son regard perçant le tient en contact constant et capte chaque personne comme s'il les hypnotisait. Il est drôle sans un instant de répit comme ses dragues. Il doit avoir un bagage de blagues dans sa poche arrière, car il semble improviser sans relâche. Après une vingtaine de minutes, les spectateurs entrent dans son jeu et le haranguent sans le déstabiliser. Il prend la balle au rebond. Son style stand up interactif pige certes dans son influence américaine et lui donne au Québec une unicité remarquable. Sa découverte des villes du Québec est fort profitable, car il inclut déjà des lieux comme Drummondville avec des blagues appropriées comme Les Promenades, le Roy Jucep, etc.

Il a bien sûr l'étoffe d'un grand. S'il décide de s'y consacrer. Mais, il tombe dans la nouvelle mode de la vulgarité qu'affectionne une nouvelle cohorte de jeunes humoristes en quête d'une personnalité : l'humour au deuxième degré. Il dépasse à plusieurs reprises les bornes avec des clichés édulcorés comme la graine dans la bouche et le mauvais goût de ses blagues sur les filles menstruées. Je crois son talent au-dessus de l'humour scatologique. Tout comme les «fuck, fucking, les ass hole, les tabernacles et les hosties » à trop grande répétition. Il n'a pas besoin de s'abaisser pour être un des plus drôles. Nous avons besoin de grands humoristes. Bravo. Presque tous les sièges y compris le balcon de la salle Léo-Paul Thérien étaient occupés.