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La langue bien pendue de Sugar Sammy

by Jessica Émond-Ferrat
2012-02-29

Dans son spectacle You're gonna rire, Sugar Sammy passe du français à l'anglais sans vraiment qu'on s'en rende compte. Et peu importe la langue, personne n'est épargné; ça, on s'en rend compte assez rapidement!

C'était mercredi, à l'Olympia, après une première partie en anglais (Dan Bingham) et en français (le Torontois Niles Séguin) qu'on a enfin pu voir en grande première ce fameux «show bilingue». Un spectacle dans la plus pure tradition du stand up comic américain, conçu spécialement pour MONTRÉAL, une ville où les cultures anglophone et francophone se côtoient, mais où, croit l'humoriste, les francos ont le fâcheux réflexe de s'exclamer «En français, s'il vous plaît!» dès qu'ils entendent le moindre mot dans la langue de Shakespeare. «J'ai déjà fait le gag : T'as les Québécois éduqués, bien élevés… et tu as ceux qui ont voté oui, a-t-il blagué. On m'avait répliqué que c'était prouvé que la plupart des séparatistes étaient des universitaires. Oui, mais… des diplômés de l'UQAM!»

Le ton a vite été donné. Mais n'allez pas croire à de la mesquinerie. Sugar Sammy a eu un plaisir fou à tirer dans toutes les directions sans scrupules, sans retenue. Pas politically correct pour deux sous.

Comment lui en vouloir? Indien d'origine, anglophone et francophone, l'humoriste a interpellé autant les Haîtiens dans la salle que les latinos («Scott Gomez, ce n'est pas de sa faute s'il n'a compté que deux buts depuis le début de la saison, c'est la faute au management; ça fait longtemps que j'ai appris qu'il faut juste payer les latinos une fois que la job est faite!»), les femmes, les Arabes et les Indiens, bien entendu. Et même si on entendait parfois fuser de joyeuses protestations après une blague particulièrement salée, c'est l'hilarité qui régnait dans la salle, parce que le sympathique humoriste a amené le public à prendre les choses avec humilité, et chacun s'est fait un plaisir de laisser son orgueil au vestiaire.»