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Le langage universel du rire
Attention, la critique que vous allez lire contient plusieurs expressions en anglais. La raison en est simple : elle concerne le spectacle bilingue de Sugar Sammy, You're Gonna rire. Il s'agit d'un titre représentatif, car, bien qu'il alterne dans les deux langues, le comique québécois n'obtient qu'un seul résultat : le rire.
Présenté en grande première médiatique, hier soir, à l'Olympia, You're Gonna rire s'inscrit dans la plus pure tradition du stand-up américain : décor inexistant (hormis une immense photo du centre-ville qui habille le fond de la scène), absence de costumes, éclairage minimaliste et beaucoup, beaucoup d'interactions avec le public. Peut-être trop même.
M. Sammy suit la même recette du début à la fin du spectacle. à l'instar d'un prof d'école devant ses nouveaux étudiants, il prend les présences des spectateurs. Mais au lieu d'appeler les gens par leur nom, il les classe par leurs nationalités, leurs religions, leurs langues et leurs opinions politiques.
Bien que fluide, son style nous semble parfois trop linéaire. Chaque segment commence par un appel à tous. Par exemple : « Est-ce qu'il y a des latinos dans la salle ? » S'ensuivent une discussion avec un des répondants, deux ou trois anecdotes personnelles, quelques moqueries bien ciblées… et on passe au suivant. Au bout d'une heure, on commence à se lasser, mais pas assez pour décrocher, car Sugar Sammy trouve toujours le moyen de nous dérider avec ses blagues risquées, son sens de la répartie et sa vivacité d'esprit. Même quand la conversation avec sa victime ne mène nulle part, il parvient à retourner la situation à son avantage.
« C'est deux minutes qu'on ne reverra jamais ! », lance-t-il à un spectateur après que celui-ci se soit montré un brin ennuyant.
Ses blagues politically incorrect ratent rarement la cible. Parmi les meilleures, citons celle-ci : « Il existe deux sortes de Québécois. Il y a les cultivés, les bien élevés, les éduqués… pis il y a ceux qui ont voté oui ! »
Tous sans exception
Les souverainistes ne sont pas les seuls à goûter à la médecine du comique.
Des Cubains aux Libanais, en passant par les Italiens et les Haîtiens, ils sont nombreux à tomber sous les attaques de l'humoriste.
Même les étudiants de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) en prennent pour leur rhume.
« Un diplôme de l'UQAM, ça ne vaut pas grand-chose. T'es mieux de faire ton cégep deux fois », note-t-il en cours de soirée.
Sugar Sammy a beau dire les pires insanités et ressortir les vieux clichés (les Arabes sont des terroristes, les Américains sont des ignorants), il le fait avec une telle bonhomie qu'on a tendance à tout lui pardonner.
Baveux ? Oui. Foncièrement méchant ? Non.
Sugar Sammy ne carbure pas au malaise. Les éclats de rire se font entendre dès qu'il monte sur scène et ne s'estompent qu'une fois qu'il en descend.
Son goût pour l'autodérision contribue aussi à la réussite de son numéro ; les Indiens ne sont pas à l'abri de ses moqueries… ni Anne-Marie Losique, d'ailleurs. à propos du livre érotique de la controversée productrice, il dit :
« Il y a une dizaine d'années, quand elle ressemblait à Penelope Cruz, c'était une bonne idée. Mais depuis qu'elle a l'air de Mickey Rourke… »
Et encore une fois, il s'en sauve en souriant…
Pour répondre à la demande, evenko a annoncé la tenue de cinq spectacles additionnels. Ceux-ci auront lieu à l'Olympia les 20, 21, 26, 27 et 28 avril. Ces nouvelles dates s'ajoutent aux 30 autres qui seront présentées à guichets fermés au cours des semaines à venir.
Jusqu'à présent, 35 000 billets ont trouvé preneur pour cette série de spectacles à Montréal.