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Sugar Sammy, le «baveux» bien-aimé
On ne va pas voir Sugar Sammy en spectacle pour se faire ménager le nationalisme québécois. Mais ce n'est pas seulement le Québec qui est passé sous la loupe insolente de l'humoriste samedi soir, qui présentait pour la dernière fois à Québec son spectacle entièrement francophone avant d'aller tenter sa chance en France.
«Welcome to my 100th french show, everybody!» a lancé en guise d'ouverture Sugar Sammy au public du Festival ComediHa! rassemblé au parc de la Francophonie.
Il présentait son spectacle En français svp!, renommé Sky Is No Limit spécialement pour la représentation de samedi soir, donnée à ciel ouvert. Et le titre anglais pour désigner un spectacle 100 % français? Du Sugar Sammy tout craché.
Il a présenté aux gens de Québec un show bien rodé, auquel il a même pris soin d'ajouter des références régionales, dont son aversion pour les feus écolobus («c'est quoi ça? Même le chauffeur m'a dit: "j'espère que t'es pas pressé"») et le marché Jean-Talon («What the fuck?Avez-vous vu le regard des gens qui magasinent là-bas? Je dis pas qu'ils ont tous été touchés par l'inceste, mais y'en a quelques-uns qui ont été touchés par leur oncle, c'est certain!»).
Et il en rajoute. «J'aime Québec. Vous êtes mon village préféré. Si je n'avais pas d'ambition dans la vie, j'habiterais ici.»
Après avoir écorché Québec et quelques autres villes québécoises, dont Thetford Mines et Shawinigan, «l'endroit où les rêves vont pour mourir», il s'en est pris aux nationalités elles-mêmes, à commencer par les Québécois.
Celui qui se qualifie de «baveux», de «shitdisturber» a d'ailleurs avoué qu'il aimait particulièrement taquiner les souverainistes. «Et moi, quand les gens se fâchent, j'en remets.» à voir la structure de son spectacle, on le croit.
Plus ça avançait, plus il était irrévérencieux, précisant tout au long du spectacle que «ça va être comme ça toute la soirée».
Il n'existe apparemment qu'une seule limite pour Sugar Sammy: «je vais aux états-Unis, je me moque des Américains. Je vais en Afrique, je me moque des Africains. Je vais au Moyen-Orient, non.»
Et comme de fait, pratiquement tout le monde y est passé samedi soir. Les latinos, les Haîtiens, les Africains, les Français... et même les Indiens. Cherchant à savoir combien d'Indiens assistaient au spectacle de samedi, l'humoriste a toutefois précisé : «Les Indiens de l'Inde, pas les Indiens à qui vous avez volé les terres!» Ouch! La vérité fait mal.
Interactions savoureuses
Les interactions de Sugar Sammy avec son public - clairement prévues dans la mise en scène de son spectacle - ont donné lieu aux moments les plus savoureux du spectacle. Après plusieurs apartés consacrés à interroger des gens dans le public, et à réagir aux réponses fournies, il a d'ailleurs conclu être en présence d'un très bon public. «Ce que j'aime avec vous autres, c'est que vous êtes venus avec vos propres jokes!»
Un amour que lui a bien rendu le public du Pigeonnier, assis par terre sur toute la surface du parc.
Seule ombre au tableau: quelques blagues sexuelles simplettes qui n'étaient pas à la hauteur de l'humour grinçant qu'on lui connaît.
«Moi, j'ai hâte que les "autres", ça devienne "nous"», conclut philosophiquement Sugar Sammy. «Et la seule manière que ça va arriver, c'est si les ethnies couchent avec les femmes blanches. Et je veux commencer ce mouvement-là ce soir, avec vous!» Peut-être pas si philosophe que ça, finalement.
Photo: LE SOLEIL, PASCAL RATTHé
Plus la soirée avançait, plus Sugar Sammy était irrévérencieux, précisant tout au long du spectacle que «ça va être comme ça toute la soirée».