PRESS
Search
Sugar Sammy à Miami : « Les Français et les Québécois vont se reconnaître dans mon spectacle ! »
Revoilà Sugar Sammy (à Miami le 23 février), avec désormais le statut de « star internationale de l’humour », mais sans se départir de sa proximité incroyable avec le public. Cette fois, c’est un spectacle en anglais qu’il vient jouer, mais il y parle beaucoup de ses années d’expérience au Québec et en France. « Les Américains aiment bien ce choc des civilisations, la découverte de nos mondes francophones, mais le spectacle plaît aussi beaucoup aux Français et aux Québécois qui s’y reconnaissent ! » On est allé lui poser quelques questions… et on n’a pas été déçus !
– LE COURRIER DE FLORIDE : Quand on regarde vos vidéos sur Youtube, on ne voit que de l’improvisation. Quelle est la part d’impro dans vos spectacles ?
– SUGAR SAMMY : Bien sûr j’arrive sur scène avec un spectacle préparé. Juste, je ne souhaite pas que le public ait l’impression d’avoir déjà tout entendu sur internet avant d’être dans la salle. Donc, sur Youtube, je ne mets que ces moments-là car ils sont uniques : on ne peut pas reproduire sur scène de tels instants.
– Le CDF : L’impro, c’est ce qui a créé votre réputation… vous n’êtes pas nombreux à en faire. N’y a-t-il pas une forte prise de risque pour l’artiste ?
– S.S : Ça fait 23 ans que j’en fais, donc la « prise de risque » a beaucoup diminué : on apprend de ses erreurs ! Mais pour moi, l’impro ça reste très important, car c’est ce qui me maintient engagé, connecté avec le public. Autrement, l’humoriste a le risque de rentrer en mode « auto-pilote », de réciter son spectacle. Hier soir, le show était en rodage à Montréal et une dame n’arrêtait pas de m’interrompre. Ç’a donné 5 minutes de conversation surréaliste avec elle, vous pouvez être certain que vous allez retrouver ça sur Youtube !
– Le CDF : Quelle différence on trouve dans votre spectacle aux Etats-Unis ?
– S.S : C’est toujours une adaptation culturelle. D’ailleurs, je ne fais pas non plus le même spectacle pour les Français ou pour les Québécois. A Londres, j’ai fait deux soirées en français et j’avais les deux communautés dans la salle, donc j’ai dû adapter, faire des ponts entre les Français et les Québécois. Dans ces cas-là, il faut même adapter les textes en direct sur scène. Pour ça, mon spectacle bilingue a été une formidable formation entre 2012 et 2016, afin de passer d’un côté et de l’autre de la « frontière invisible » du Québec. Cela a eu beaucoup de succès puisqu’on a battu le record de ventes de billets au Québec pour le premier one-man show d’un artiste : 372000 !
– Le CDF : Mais est-ce que vous pouvez être aussi cru devant un public américain que parisien ?
– S.S : Encore plus !!! Dans les pays où on me connaît, s’il y a bien un point commun entre les publics, c’est qu’ils me connaissent comme quelqu’un d’irrévérencieux, de « sans filtre ». Ça me convient… c’est le genre d’humour que j’ai toujours aimé, aussi bien à pratiquer qu’à écouter chez les autres humoristes.
– Le CDF : Avec la progression du politiquement correct, on a quand même l’impression que les humoristes se mettent de plus en plus de limites, notamment en France….
– S.S : Je pense qu’on peut rire de tout, y compris des sujets sensibles. Ce qui est intéressant, c’est de trouver la manière de déverrouiller des tabous. Il faut que la blague soit performante !
– Le CDF : Le public n’est-il quand même pas plus « sensible » qu’avant ?
– S.S : J’invite les gens sensibles à venir me voir ! Mais on a quand même un peu l’impression que certains se sentent obligés de se sentir choqués !
– Le CDF : Vous avez beaucoup tourné en France, êtes-vous toujours… normal ?
– S.S : Ah ! Je suis beaucoup plus cynique, bien plus râleur, et aussi beaucoup plus fort : on dit que tout ce qui est mauvais pour l’humanité est bon pour l’humour, donc ces trois dernières années à Paris ont été formidables ! (Rires)
– Le CDF : Y avez-vous appris à voler les blagues des autres humoristes ?
– S.S : Il a fallu que je protège les miennes. J’ai même confronté trois humoristes pour leur demander d’arrêter d’utiliser mes blagues.
– Le CDF : Là, vous plaisantez…
– S.S : Non !! En France, c’est à un niveau industriel que ça se passe ; on dirait qu’ils ont été entraînéspour ça ! Quand j’étais sur des plateaux avec d’autres humoristes, je regardais qui était là et parfois j’utilisais de vieilles blagues, parce que si j’utilisais les nouvelles, j’étais certain qu’ils allaient repartir avec ! D’autres fois, je faisais des choses très osées, car je savais qu’ils ne copieraient pas ça !! Il va falloir créer un mouvement #MeToo pour les humoristes volés !
– Le CDF : Alors à Miami… pas de limite ?
– S.S : Non, comme d’habitude on va bien s’amuser !
Qui est Sugar Sammy ?
Pour ceux qui habitent en Floride depuis trop longtemps, voici une présentation rapide de Sugar Sammy : il est né il y a 43 ans à Montréal sous le nom de Samir Khullar, de parents immigrants indiens.Il avait d’abord commencé sur la scène anglophone de Montréal, avant d’être apprécié en français à partir de 2007, notamment lors d’une apparition dans « Le Show Raisonnable ». Lui, Sammy, il n’est pas trop raisonnable, et il aime au contraire marquer les esprits, montrer les contradictions de la société. Ce qui touche aussi, et surtout, ses différents publics, c’est le sens de l’improvisation et de l’interaction qu’a Sugar Sammy. Quelle que soit la langue parlée, il peut faire dérailler son spectacle à tout moment ; partir en hors piste : son intelligence et son sens de la répartie font le reste. Pour cette originalité, il est à notre connaissance impossible de le comparer avec un humoriste français ou américain (vivant).
Sur scène, Sammy se présente dans la tradition des Comedy Clubs américains. Et il a construit son humour dans le plus pur style du « stand-up ».
Son approche est aussi crue que son humour : pas de décor, pas de mise en scène : juste un micro et un talent.
Sugar Sammy enchaîne les tournées depuis ses débuts, avec en 2009 une première en Inde. Puis, Apple le choisit pour ses pubs en français au Canada. En 2017, c’est la France qui est conquise, et l’année suivante, il intègre même le jury de l’émission La France a un incroyable talent. Le magazine Télérama lui décroche ses trois « T », le qualifiant de « Virtuose de la punchline, du rythme et de l’impro. » Et GQ France finit même par déclarer : « Le plus drôle des Français est Québécois. »
Si vous n’êtes pas encore convaincu : venez le voir à Miami !