DOSSIER DE PRESSE

Sugar Sammy, 100% drôle

par Geneviève Turcot
2012-09-25

L'humoriste Sugar Sammy n'a que faire des étiquettes. Peut-être parce que lui-même, les collectionne. Québécois d'origine indienne, punjabi, bilingue qui habite encore chez ses parents, il se balade entre les langues et les cultures, se plaisant au passage de surligner au gros trait les torts de tout un chacun.

Après Dubaî, l'Angleterre, l'Australie, Sugar Sammy peut maintenant ajouter Gatineau à son impressionnante feuille de route. Il offrait, hier soir, le premier de ses deux spectacles prévus à la Maison de la culture. Il cumule les succès sur la scène internationale, mais il est visiblement heureux d'être de retour chez-lui. Faut bien qu'il prépare son rodage pour la France...

Après avoir charmé la métropole Montréalaise avec sa formule bilingue You're gonna rire, Sugar Sammy a décidé de visiter la Belle Province avec un spectacle « 100 % français ». Une jolie façon de récupérer la portion francophone de son spectacle précédent et d'y ajouter une touche d'actualité et de gags frais.

Classique, mais efficace

Sugar Sammy donne dans le stand-up comique traditionnel. On aurait envie d'ajouter pur et dur. Pas de décor, pas de mise en scène, pas de costume. Un gars et son micro. Et beaucoup de charme. Assez pour qu'on lui pardonne ses blagues faciles sur les danseuses et autres lieux communs.

Baveux et arrogant, il enchaîne les blagues et les histoires, tout en gardant un oeil sur les célibataires assises dans les premières rangées.

Le Québec est-il réellement ouvert sur le monde ? Pas si sûr, avance l'humoriste qui rappelle que le jour de la mort Oussama ben Laden, tous les médias avaient les yeux tournés sur cette nouvelle, partout sauf au Québec qui n'en avait que pour les prix Artis.

Les récentes élections sont venues aussi rapidement sur le tapis. L'incident au Metropolis lors de la victoire du PQ ? Voilà l'une des raisons pour laquelle il ne fait pas de blague sur les anglos. Bien joué.

Il a aussi effleuré le lock-out au hockey et les vedettes du Tricolore. Les problèmes de P.K. Subban ? C'est parce qu'il est Noir. à son avis, les Québécois ne sont pas tous prêts pour un joueur de couleur. Ça semble gros et facile comme blague, mais ça passe.

Gomez passe aussi au tordeur. Il faut payer « les latinos une fois que la job est faite », prévient-il pour expliquer la contre-performance du joueur du Canadien.

Il y a beaucoup d'impro. Il interpelle son public, se paie la tête d'un fonctionnaire graphiste qui ne demandait pas autant d'attention. Il passe aisément de son texte à ses petites séances d'improvisations avec les spectateurs. Le mec est solide, rien à redire là-dessus.

Il aime le Québec, surtout le côté trop poli des Québécois. Mais les souverainistes restent sa cible préférée. Il est prêt à tout, même à offrir des accommodements raisonnables pour ceux et celles qui ont voté oui en 1995. Le public en redemande.

Le Québec est, selon lui, une province en perpétuelle thérapie. Les infrastructures tombent en ruines, la corruption dans le domaine de la construction, la grève étudiante, la crise identitaire, la protection de la langue française... Le portrait n'est pas reluisant, mais sous l'égide de Sugar Sammy, c'est plutôt drôle.

Généreux, il a servi le tout en 1h45 sans pause. Avant de quitter les planches, il a donné rendez-vous au public pour une séance de photos et de signatures. Et il a promis de rester saluer tous les spectateurs, jusqu'au dernier. Gentleman aussi.

Stéphane Poirier

On a aussi aimé le DJ qui a réchauffé le public en attendant l'arrivée de Sugar Sammy. Une belle façon d'oublier que nous étions un lundi soir. L'humoriste Stéphane Poirier a assuré la première partie. Hyperactif qui, enfant, n'avait jamais le dernier mot avec sa mère, il est un croisement entre Patrick Groulx et Jean-François Mercier. Un gros coeur pour son numéro sur les rappeurs.

 

Photo: PATRICK WOODBURY, LEDROIT