DOSSIER DE PRESSE

Sugar: sucre et saga!

par Valérie Tremblay
2014-12-02

On a beaucoup entendu parler de lui ces dernières semaines. Avec sa nouvelle campagne publicitaire, Sugar Sammy a une fois de plus suscité la controverse et provoqué des réactions parfois fortes. à la suite de l'annonce des 40 000 nouveaux billets disponibles de son spectacle intitulé « En français svp! », j'ai rencontré cet humoriste, un des plus populaires au Québec, afin de parler de son spectacle, bien sûr, mais aussi pour en apprendre davantage sur lui et connaître ses réactions face aux événements récents.

Après plus de 250 000 billets vendus de ton spectacle, on vient d'annoncer 40 000 billets supplémentaires. Comment expliques-tu cet engouement?

Je pense qu'il y a énormément de bouche à oreille. Je vois beaucoup de gens qui reviennent voir le spectacle et qui amènent une nouvelle gang. Aussi, je crois que c'est un spectacle qui est unique sur le marché en ce moment, non seulement par ce que j'offre mais également à cause de mon histoire. Mes origines, la façon dont j'ai grandi, mon point de vue et le regard que je porte sur l'actualité et la société, tout ça n'est pas souvent représenté et je pense que les gens veulent de la nouveauté.

Tu as un style d'humour plus provocateur, de quelle façon réagis-tu face aux réactions parfois fortes du public?

Je cherche le côté humoristique dans tout, même dans les réactions fortes. En fait,  je les amasse pour mon deuxième spectacle! à chaque fois que quelqu'un m'écrit un commentaire désobligeant sur ma page, je me demande toujours comment je peux le tourner à mon avantage ou comment je peux l'utiliser positivement. Des fois, ça m'attriste de voir que certaines réactions existent encore en 2014 mais quand je me fais dire: « Sugar Sammy, t'es pas Québécois, t'es pas Canadien, t'es un fucking Indien, retourne dans ton pays… », je me dis que ça fera assurément partie de mon prochain spectacle! C'est désolant que ça existe encore au Québec, au Canada et dans le monde, mais je crois que ça rend mon humour encore plus pertinent. Et honnêtement, je me suis habitué au fil des années à entendre ce genre de commentaires, mais un moment donné il faut prendre une certaine distance face à eux. Ce sont des réactions irrationnelles d'une infime partie de la population du Québec et ce n'est pas nouveau, je l'ai toujours vécu. L'énorme majorité des Québécois est accueillante, généreuse, ouverte, tendre, mais cette petite minorité peut être bruyante. Sauf que moi, je ne me laisserai pas devenir une victime. Alors je cherche le gag qui peut ressortir de la situation!

Tes différentes campagnes publicitaires ont suscité la controverse, pourquoi utiliser cette façon de faire?

En fait, on cherche toujours à avoir la campagne la plus drôle. Je suis un humoriste donc je veux une publicité qui soit non seulement drôle, mais aussi à mon image et à l'image de mon spectacle. Quand tu es humoriste, tu veux avoir du fun même avec ta pub, pas seulement inscrire ton nom avec des dates sur un panneau publicitaire. En ce moment, on a lancé une campagne pour le temps des Fêtes où on voit une panoplie d'affiches avec différentes thématiques de Noël. Il y en a une où je me moque de moi-même en m'identifiant comme « celui qui sent les épices », une autre où je dis que je suis l'abominable homme de Côte-des-Neige et celle où je dis que pour Noël, je veux une plainte de l'Office québécois de la langue française, qui, en fait, est un clin d'œil au Pastagate. Mais la seule façon que cette publicité fonctionne, c'était réellement d'avoir une plainte. J'ai donc écrit en haut de l'affiche « PIèGE » suivi de mon souhait des Fêtes. Il y a donc quelqu'un qui est tombé dans ledit piège et qui a fait une plainte, puis un journaliste est aussi tombé dedans, suivi du président de la Société St-Jean-Baptiste… Donc j'ai eu trois cadeaux de Noël en un! Pour nous, ce n'est pas provocateur. Mais je pense que pour certaines personnes, juste être moi-même est provocateur. Une minorité visible qui a du succès, qui est fédéraliste, qui est bilingue et multiculturaliste, juste le dire peut être perçu comme de la provocation. Mais je ne cherche aucunement à provoquer, je cherche à faire rire, c'est tout!

Tes controverses sont souvent en lien avec le fait que tu ris des Québécois. As-tu l'impression qu'on ne peut plus rire des Québécois?

Je vais citer Woody Allen qui disait: » Tu sais qu'un peuple est rendu à un niveau de maturité quand il est capable de rire de lui-même. » Je pense que la plupart des Québécois ont le sens de l'autodérision. La preuve, c'est que j'ai 250 000 billets de vendus et 40 000 autres présentement en vente qui partent très rapidement. Mais il y a encore un minorité qui croit que je suis chanceux juste d'être ici et qu'on me laisse vivre ici. Et il ne faut pas oublier une chose: ce sont des gags. J'ai fait une blague sur l'OQLF pour mettre en relief leur excès et la déduction qui s'en suit est que je suis en guerre ouverte contre les francophones du Québec… c'est juste incroyable comme déduction et c'est irrationnel que de penser ça… en plus d'être faux!

Qu'est-ce qui te rend le plus fier dans ta carrière?

Ne pas cacher qui je suis et toujours être honnête dans mon humour. Je suis fier de mes origines mais aussi fier d'où je vis et de m'affirmer comme Québécois. On vit dans une société démocratique dans laquelle tu as le droit de faire des blagues. Ne pas me laisser intimider par certaines gens qui ont des réactions irrationnelles est une autre fierté pour moi. Aussi, mon spectacle bilingue mon rend particulièrement fier. Plusieurs personnes m'avaient dit que ça ne fonctionnerait pas et c'est devenu un grand succès. Et finalement, avoir la chance de rendre mes fans heureux me comble complètement. Quand ils viennent me voir après les spectacles et qu'ils me disent qu'ils sont venus pour une deuxième, troisième ou quatrième fois et qu'ils ont toujours le même sourire à la fin, ça me rend plus que fier de faire ce métier-là.

En plus d'être en tournée partout au Québec, Sugar Sammy vient de terminer le tournage de la deuxième saison de la série Ces gars-là avec son acolyte Simon-Olivier Fecteau.  Durant l'année 2015, il continuera sa tournée québécoise mais se rendra également de l'autre côté de l'Atlantique pour, comme il le dit lui-même, « aller emmerder un peu les Français ».